Privilégier la dimension locale
Sur la même longueur d’onde, le CEEP (2), association représentant les employeurs et entreprises de services publics, demande dans son programme 2019 une simplification radicale : la suppression de l’approche actuelle par «exemption ». Pour l’heure, la Commission part du principe que les subventions et aides publiques menacent a priori le libre échange dans l’Union européenne. Ne sont autorisées que
des aides « exemptées » en raison de leur montant « minimal », de leurs « catégories » (social, culture…) ou de leur nature de « service d’intérêt général » notamment. Pour l’AFCCRE comme pour le CEEP, il serait temps de renverser la « charge de la preuve » en donnant à la Commission la responsabilité de prouver qu’une aide est contraire aux règles du marché européen. Surtout, il serait temps, plaident les associations, de tenir davantage compte de la dimension locale de l’intervention publique : en facilitant l’attribution de commandes publiques à des PME locales et en reconnaissant que certaines aides n’ont aucun impact à l’échelle européenne.
La Commission européenne reconnaît de plus en plus ces dernières années ce caractère local. C’était le cas en 2015 et 2016 pour le soutien public d’un centre médical de Durmersheim, dans le Baden-Württemberg en Allemagne, ou pour le prolongement d’un quai au port de Lauwersoog, aux Pays-Bas. Reste que la notion même « d’aide publique à des activités purement locales » est en elle-même difficile à appliquer juridiquement. Le gouvernement français avait reconnu de facto cette complexité dans sa circulaire du 5 février 2019 sur l’application des règles européennes de concurrence relative aux aides publiques aux activités économiques (3). Le Premier ministre y attirait l’attention sur « la nécessité de renforcer l’expertise en matière de réglementation des aides d’État » dans les collectivités territoriales. Or, cette expertise, qui doit souvent être déléguée à des consultants extérieurs, a un « coût disproportionné par rapport au montant impliqué », l’AFCCRE. Ces revendications seront-elles entendues par la prochaine Commission ? Difficile de le savoir à ce stade, tant la «couleur » de la prochaine commission issue des élections européennes de mai est incertaine.
(1) http://www.afccre.org/fr
(2) https://www.ceep-france.org/Actualites
(3) http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/ 2019/02/cir_44368.pdf
Une évaluation en cours
Tout en les prolongeant jusqu’en 2022, la Commission européenne a lancé, le 7 janvier, une évaluation d’une dizaine de règles qui précisent dans quels cas les aides d’État doivent être notifiées à Bruxelles et sont autorisées. Plusieurs concernent les collectivités locales :
• le règlement général d’exemption par catégorie (RGEC) détaille quels sont les services exonérés de notification, allant de la santé au patrimoine culturel ;
• le règlement de minimis fixe le seuil de notification à 500 000 euros sur trois années ;
• les lignes directrices concernant les aides d’État à finalité régionale ;
• l’encadrement des aides d’État à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI) ;
• les lignes directrices concernant les aides d’État aux aéroports et aux compagnies aériennes ;
• l’encadrement des aides d’État pour la protection de l’environnement et l’énergie