« Après la crise sanitaire, les habitants subissent de plein fouet la crise économique et sociale. Les CCAS amortissent les chocs depuis des années mais aujourd’hui, même si les communes ont renforcé leurs moyens financiers, ils ne peuvent plus faire face », a-t-il expliqué en soulignant que les centres « accueillent de plus en plus de retraités, d’étudiants, de salariés venus chercher une aide alimentaire, des chèques énergie, etc. ». Et en pointant le risque « d’une aide sociale à deux vitesses car des CCAS vont être en état de faillite ». « Nous avons augmenté l’aide alimentaire de 28 % cette année, je ne sais comment nous allons finir l’année », a témoigné Yves Calippe, adjoint au maire du Mans (72) et vice-président de l’Unccas.
Problème, les CCAS « ne peuvent pas fermer leur porte ni baisser leur rideau », a indiqué Luc Carvounas. L’Unccas réclame donc un soutien financier significatif de l’État qui passe notamment par une indexation de la dotation globale de fonctionnement (DGF) sur l’inflation (demandée aussi par l’AMF) « qui permettrait d’atténuer l’impact de la hausse des prix sur les budgets locaux et notamment ceux des CCAS ».
L’Unccas demande également « une vraie politique nationale d’aide alimentaire » et non le « déblocage ponctuel d’aides financières ». Le gouvernement devrait selon elle verser « un financement supplémentaire global de 10 millions d’euros » pour aider les CCAS à remplir leur mission de domiciliation et garantir l’accès au droit pour tous, une aide qui leur serait attribuée « au prorata du nombre de personnes domiciliées en leur sein ».
« Nous ne faisons pas la manche et nous ne voulons pas dépendre de la charité de grands groupes privés » , a souligné Luc Carvounas en faisant implicitement référence au soutien accordé par le groupe LVMH et les principales enseignes de la grande distribution aux Restos du Cœur avant que l’État promette à son tour de mobiliser 15 millions d’euros pour l’association. « Les CCAS, c’est 126 000 agents et 7 milliards d’euros de politiques publiques pour les personnes fragiles. C’est donc à l’État de nous soutenir », estime Luc Carvounas.
L’Unccas formule du reste plusieurs propositions pour augmenter la rémunération et la formation des agents et intervenants dans le secteur social et médico-social, notamment pour « redonner du sens à leurs missions et renforcer l’attractivité de leurs métiers ».
Ce matin, dans un entretien à l'AFP, le président de la FAS (Fédération des acteurs de la solidarité), Pascal Brice, lance également un cri d'alerte : « Ça craque de partout ! On a des situations de précarité qui s’étendent et qui s’aggravent et on a des associations qui sont dans l’épuisement et le manque de moyens. » Les associations estiment que les mesures contre la grande pauvreté annoncées en septembre dernier par le gouvernement « ne sont pas à la hauteur » et demandent, d'urgence, une forte revalorisation des minimaux sociaux et une indexation des aides aux associations sur l'inflation.
Début octobre, le délégué général des Restos du cœur, Jean-Yves Troy, a confirmé lors d'une audition ce qu'il avait pressenti en septembre : les Restos vont « refuser du monde pour la première fois de (leur) histoire, à partir de novembre. (...) Les Restos du cœur ne sont pas dimensionnés aujourd'hui pour distribuer 170 millions de repas, pour accueillir 1,3 million de personnes », a déploré le délégué général, qui rappelle que 200 000 personnes supplémentaires sont venues solliciter l'aide de l'association en 2023, « une hausse massive et brutale (qui) n'est jamais arrivée. »
Dans ce contexte de grave aggravation de la pauvreté, la décision tombée ce week-end de la préfecture de police de Paris apparaît totalement incompréhensible : par arrêté, le préfet de police a interdit les distributions alimentaires dans certains quartiers de Paris, dans les 10e et 19e arrondissements, où sont concentrés un grand nombre de personnes en grande difficulté. Cette décision a stupéfié les associations caricatives, qui servent un millier de repas par jour dans les secteurs concernés, et indigné la mairie de Paris, qui a appris cette décision « dans la presse ».