« Élu depuis plusieurs mandats, je n’avais jamais connu de situation aussi délicate. Nous sommes début février 2022 quand, sur Facebook, je lis un message indiquant qu’un sifflement perturbe la vie de concitoyens dans un de nos quartiers. J’en parle au maire et, le lendemain, nous allons sur place avec un policier municipal.
Quelques habitants sortent de leur maison pour nous dire que, depuis trois mois, ils entendent un sifflement strident et intermittent qui leur pollue la vie. Il peut durer une à trente minutes, survenir dix à vingt fois par jour – y compris la nuit – mais personne n’arrive à identifier sa source.
Les gens dorment mal, certains se disent qu’ils ne profiteront pas de leur terrasse à l’été. Nous prenons l’affaire au sérieux. Le bruit est une pollution. S’il dure cinq minutes, ça va. Mais des heures, il peut rendre fou. Nous n’avons pas de sonomètre, ni d’agent formé à l’acoustique, mais voulons savoir ce qu’il se passe. »
« Les jours suivants, nous mobilisons plusieurs pistes. Nous suggérons d’abord aux habitants de couper leur compteur à gaz (pour voir si une fuite est en cause) et de vérifier que leur chaudière ne dégage pas un bruit via une cheminée. Puis nous alertons GRDF, qui envoie un véhicule afin de détecter une éventuelle fuite sur ses canalisations.
Nous visitons les usines de papier, de transport sur la commune, la station d’épuration. Elles ont peut-être une machine vieillissante ou nouvelle. Nous nous rendons également au pied d’une antenne-relais d’Orange, non loin du quartier, qui vient d’être installée. Rien n’y fait ! Le sifflement perdure. La presse a vent de nos déboires et il paraît que, sur les réseaux sociaux, l’hypothèse d’une présence d’extraterrestres est évoquée. »
« Soudain, coup de théâtre ! Une commerçante d’une commune voisine envoie à la mairie un mail avec un fichier audio de sifflement. Elle nous dit que ce bruit est similaire au nôtre – ce qui est vrai – et qu’il provient d’un compteur à gaz près de chez elle.
Nous rappelons les techniciens de GRDF qui vérifient les compteurs individuels du quartier. Ils tombent sur l’un d’eux, à l’extérieur d’un pavillon, dans un coffret en bois où ils constatent que le mano-détendeur est usé, provoquant des vibrations de membrane – et le bruit fatidique ! Ils le réparent. Les propriétaires de la maison travaillant la journée, ils ne l’avaient donc pas identifié.
Le bruit neutralisé, c’est un grand soulagement. Non, il n’y avait pas d’extraterrestres, et oui, le calme est revenu à Wizernes pour des dizaines de foyers. »