« Mais les équipes de la Miviludes ont continué de travailler. Il y a une prise de conscience au niveau de l’État. L’article 16 de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur [durcissement des sanctions en matière d’abus de faiblesse, NDLR] est extrêmement fort en termes de reconnaissance », a-t-il souligné le 1er février, lors d’un point presse organisé par la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backès, pour installer une nouvelle direction à la tête de la Miviludes. De fait, la lutte contre les dérives sectaires se renforce car il y a urgence. Dans son dernier rapport présenté en novembre 2022, la mission avançait une explosion des faits de plus de 33 % (relire notre article).
Les 9 et 10 mars prochains se dérouleront les premières Assises consacrées au sujet. «Elles auront lieu sur deux jours, au ministère de l’Intérieur, a détaillé la secrétaire d’État. Il s’agira d’établir un état des lieux partagé et de définir une feuille de route pour les dix prochaines années ». Y participera «un public initié à ces questions » : associations, élus, ministères, victimes, médias. Trois tables rondes aborderont le phénomène selon «une approche générale » et deux tables rondes thématiques s’intéresseront plus particulièrement à ces dérives dans le secteur de la santé ainsi qu'à l’hybridation entre dérives sectaires et complotisme.
Un travail sera mené avec les parlementaires (il a été demandé à chaque groupe parlementaire d’avoir un référent sur le sujet), les associations d’élus. Tous ces échanges mèneront à la définition d’une feuille de route, qui sera mise en œuvre par le nouveau chef de la Miviludes, Donatien Le Vaillant, nommé le 1er février. Celui qui a été magistrat pendant vingt ans et qui a également exercé des fonctions interministérielles à la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) et à l’Inspection générale de l’administration (IGA), a assuré vouloir travailler avec «rigueur et discernement, détermination et fermeté » sur ces questions.
" L’une de problématiques fondamentales de ces Assises est la prévention, estime Sonia Backès. Si les gens sont prévenus, ils peuvent être en alerte lorsque des choses apparaissent et se poser des questions. Le gros travail à faire est là car, une fois que les gens sont entrés [dans un mouvement sectaire], il est très difficile de leur faire prendre conscience du danger. »
La secrétaire d’État souhaite évoquer en premier lieu les besoins pour s’adapter aux nouveaux «gourous 2.0 », tout en assurant qu’il y aurait «ensuite des décisions sur les moyens. Il y a sans doute besoin d’un maillage territorial plus important » de relais à qui les victimes ou leur entourage pourraient s’adresser, a-t-elle convenu.
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