L'actu
02/12/2022
104e Congrès de l'AMF 2022 AMF

Autisme : les maires ont le pouvoir d'aider à faire tomber les murs

Le forum du 23 novembre a montré les moyens d'action et les initiatives des élus en faveur de l'inclusion des enfants et adultes autistes.

Daniel Fasquelle, maire du Touquet-Paris-Plage (62), président du groupe de travail autisme de l'AMF, a présenté le guide pratique " Agir pour l'inclusion des personnes autistes ", le 23 novembre 2022, lors du Congrès des maires.
Pour la première fois, l’AMF a choisi de consacrer un forum de son congrès à l’inclusion des personnes autistes et aux rôle des élus en la matière. Ce forum, organisé le 23 novembre, s’accompagne de la parution d’un guide à l’attention des maires de France par le groupe de travail autisme de l’association, piloté par Daniel Fasquelle, maire du Touquet (62).

Plusieurs expériences ont été mises en avant, complétées et commentées par les témoignages des nombreux participants. Des communes de tailles variables intervenant sur des champs différents, de la petite enfance à l’accès à la culture, en passant par l’insertion professionnelle.

À Versailles (78), la commune a formé du personnel petite enfance au rôle de médiateur avec les parents. «On a écroulé un mûr entre l’hôpital et nous. Une dizaine d’enfants ont réussi à entrer en maternelle. On veut continuer », a témoigné Annick Bouquet, adjointe au maire.

Une «excellente initiative car ce personnel peut voir des signes et dépister », a salué la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq. Elle a d’ailleurs invité les professionnels à s’appuyer sur « les documents très simples » réalisés pour les professionnels de la petite enfance par la délégation interministérielle à l’autisme.

En effet, comme l’a souligné Daniel Fasquelle, «70 % des enfants dépistés à temps peuvent maîtriser le langage ». «Ce sujet est l’affaire de tous », a-t-il insisté, en encourageant les élus à «faire tomber les cloisons ». Même s’il mesure que le travail n’est pas simple. «J’ai eu un mal de chien à obtenir que des bénévoles puissent s’occuper d’enfants handicapés dans une école au milieu des professionnels, cela a fait hurler. » Mais l’action l’a emporté les réticences et craintes.
 

  • Retrouvez l'interview de Daniel Fasquelle, maire du Touquet-Paris-Plage (62), président du groupe de travail autisme de l'AMF, réalisée par Maire info, ci-dessous :


Un préalable : former pour informer

Dans le public, des personnes autistes ont témoigné de leur vie «hyper difficile », des parents d’enfants autistes ont raconté leur «désarroi » face aux difficultés rencontrées au quotidien. Tous les acteurs ont insisté sur la formation du personnel pour dépasser les préjugés, les peurs, avoir la bonne réaction et le comportement adapté face à des enfants, notamment. Le guide de l’AMF mentionne les bonnes pratiques en la matière.

L’initiative de Montrond-les-Bains (42) y figure. Car elle a permis de casser les cloisons entre l’institut médico-éducatif (IME) accueillant des enfants autistes et la médiathèque qui rencontrait des difficultés à faire accéder ces enfants aux livres, au milieu des autres usagers. «Nous avons maintenant la joie de les voir venir le mercredi après-midi, le moment où il y a le plus de bruit », s’est réjoui Marie-Odile Moulager, adjointe au maire.

D’autres élus ont partagé leurs «réussites ».

La commune d’Aurillac (15) a accueilli des personnes autistes en apprentissage, dans les services finances et communication. «Cela n’a pas été facile, il y a eu des réticences de certains agents. Mais surtout la peur de mal faire. Nous avons mis en place une journée de formation avec un médecin spécialisé. Une fois ces barrières dépassées, tout le monde était très content. »

Maire de Poses (27) et «papa d’un enfant autiste », Georgio Loiseau a, lui, fait le tour de ses collègues élus pour les convaincre d’embaucher des personnes en situation de handicap. «J’ai aujourd’hui 11 communes volontaires mais une difficulté administrative nous empêche de réserver [aux personnes concernées] le parcours emploi compétences », a-t-il regretté, en s’adressant à la ministre. Aujourd’hui, il travaille au projet «d’un pôle de cinq logements réservés aux personnes autistes dans un ensemble de 70 logements dédiés à des personnes âgées ».

Penser logement inclusif, c’est aussi le choix du maire de Grand-Champ (56), Yves Bleunven : 45 travailleurs de l’établissement et service d’aide au travail (ESAT), situé sur sa commune, sont obligés de résider sur Vannes, à 35 km. «Notre objectif est qu’ils aient une solution de logement sur la commune ». Cette dernière livrera les clés de six appartements, en février. Deux autres projets sont en cours. «Notre principe va être que toute opération d’aménagement urbain et de logement intègre du logement inclusif », a indiqué l’élu.

Les maires ont donc un rôle clé pour faire en sorte que la France rattrape son retard dans la prise en compte de l’autisme. Daniel Fasquelle en est convaincu et rappelle la volonté des élus d’être associés à l’élaboration de la future stratégie nationale pour l’autisme, demande acceptée immédiatement par la ministre déléguée. «Le combat de demain c’est celui de l’accès à l’emploi et du logement », estime-t-il. Or, sur le logement, «les maires ont un vrai rôle à jouer ».
 

Une conférence nationale du handicap au printemps
« La politique doit accompagner les parcours de vie sans rupture. De la souplesse, un repérage précoce, une inclusion scolaire, professionnelle, dans la vie quotidienne. Avec, surtout, le respect du choix des personnes. Voilà ce qui est essentiel », a affirmé la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, le 23 novembre.

La prise en charge de l’autisme sera l’un des sujets de la prochaine Conférence nationale du handicap, «au printemps 2023 ». Celle qui «annoncera le prochain chemin (pour trois ans) ». Avec, parmi les thèmes prioritaires, «l’acte II de l’école et université inclusives, l’emploi et la formation, l’accessibilité universelle, la simplification et transformation de l’offre ».

 

  • Retrouvez l'intégralité du débat :

 

Par Emmanuelle Stroesser
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