La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Isabelle Rome (photo), a détaillé les récents progrès en matière de lutte et dans la défense des victimes : une meilleure connaissance du phénomène d’emprise qui a permis de mieux comprendre les difficultés du dépôt de plainte, la prise de conscience de l’impact dévastateur des violences conjugales sur les enfants, l’interdiction de la médiation pour les couples se séparant sur fond de violence…
Pour la ministre, les chiffres viennent confirmer ces avancées, parmi lesquelles l’augmentation de «plus de 80 % du nombre de places d’hébergement d’urgence depuis 2017 », avec une annonce de 1 000 places supplémentaires en 2023. Isabelle Rome a rappelé que serait lancée, dans quelques mois, l’expérimentation du «pack nouveau départ », soit un guichet unique (hébergement d’urgence, formation, soutien psychologique…) destiné à faciliter le départ du domicile des femmes victimes de violences, sans oublier l’annonce, en septembre 2022, par la Première ministre, Élisabeth Borne, du «doublement du nombre d’enquêteurs spécialisés » et d’une augmentation du nombre d’intervenants sociaux au sein des forces de l’ordre.
Édith Gueugneau a confirmé les propos de la ministre concernant ces changements de fond qui doivent aussi beaucoup aux acteurs de terrain : «oui, les choses bougent, qu’il s’agisse de la question de l’égalité femmes/hommes abordée dès l’école, par exemple dans les centres de loisirs, ou de la prise de conscience de l’accès à la pédopornographie ».
Comme d’autres intervenants, le capitaine Jean-Michel Breton, représentant de la gendarmerie nationale, a regretté des inégalités territoriales, qu’il s’agisse des forces de l’ordre qui, faute d’être présentes partout, ne peuvent couvrir l’ensemble du territoire, ou «des cellules de recueil des informations préoccupantes des conseils départementaux plus ou moins dynamiques ». «On ne gagnera la bataille des violences que si tous les acteurs travaillent ensemble ! », a-t-il ajouté.
S’adressant aux élus et aux agents détenant des informations, Édouard Durand, juge des enfants, co-président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), les a enjoints à «fournir les attestations nécessaires au dépôt de plainte ».
Édith Gueugneau a illustré cette nécessaire coopération expliquant avoir mis en place «un réseau qui fonctionne » à l’échelle de sa communauté de communes, tout en soulignant qu’il est «compliqué d’apporter de l’aide tout au long d’une procédure », notamment en raison du grand isolement des victimes, en particulier en zone rurale.
Les élus ont fait part de multiples initiatives - logement d’éviction pour conjoints violents, formation des élus, maisons des femmes… - trop souvent financées sans le soutien de l’État qu’ils appellent de leurs voeux.
La sénatrice Laurence Rossignol (Oise), a, quant à elle, demandé aux élus de s’interroger, au vu de l’importance du fléau, sur la potentielle présence de victimes parmi les membres de leur équipe municipale et les agents communaux.
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