Reste que la complexité est bien réelle. «On fait tout pour simplifier les choses mais ce serait mentir de prétendre qu’il ne faut pas avoir de l’ingénierie administrative pour pouvoir porter un projet européen, c’est une réalité », reconnaît Philippe Cichowlaz, chef du Pôle Europe à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Et les petites communes ne sont pas forcément armées pour y faire face.
Guillaume Guérin, adjoint au maire de Limoges (Haute-Vienne, 130 900 habitants), président de Limoges Métropole, parle de ces territoires ruraux «qui n’y vont pas », découragés à l’avance, «c’est la différence avec les territoires urbains qui ont l’ingénierie ».
C’est là que le regroupement prend tout son sens. C’est un fait : le réflexe «intercommunal » a raisonné dans ce forum. Commune «petit poucet », l’Étang-la-Ville vante le collectif. «L’intercommunalité, c’est un vrai niveau d’action, estime le maire Daniel Cornalba. C’est l’échelon pertinent pour aller recruter le personnel qui a les compétences pour accompagner. Quand on a des projets de plan vélo, d’assainissement, de réseau de chaleur, ils ne s’arrêtent pas aux frontières de notre commune, on a tout intérêt à travailler en commun. »
Même discours chez Karine Desmoulin, première adjointe au maire du Teich (8 500 habitants, Gironde). Sa commune, une habituée des aides européennes (elle a décroché des fonds Feder, FSE, Feamp), mise sur la communauté d’agglomération du Bassin d’Arcachon pour décrocher des cofinancements communs. «C’est la raison pour laquelle nous arrivons à mener des projets à terme. Il y a une vraie cohésion territoriale, c’est fondamental ».
L’élue en est convaincue : en dehors des projets intercommunaux, point de salut. «C’est tellement complexe qu’on n’a pas les ressources humaines, l’ingénierie pour monter et suivre les dossiers. C’est l’EPCI qui doit porter ces demandes. »
L’Europe a pourtant engagé un vaste dossier de simplification pour la période de programmation 2021-2027. «Une révolution », assure Carlo Girlanda, adjoint à l’unité France à la DG Regio de la Commission européenne. Mais, reconnaît-il, elle touche davantage les autorités de gestion que les bénéficiaires des projets.
La simplification des contrôles serait une des priorités de la nouvelle programmation. Avec l’idée de proportionnalité pour tenir compte davantage du niveau de confiance. «On va demander aux autorités de gestion d’établir une cartographie des risques et d’alléger les contrôles sur les porteurs qui ont une réputation de forte rigueur. À l’inverse, on va les augmenter dans les zones de risques », assure Philippe Cichowlaz.
Pour l’eurodéputée Nora Mebarek, l’enjeu de la simplification est en tout cas crucial. «Sinon, les fonds ne seront pas consommés, nous rendrons l’argent et les citoyens auront raison de dire que l’Union européenne ne sert pas à grand-chose, hormis d’avoir des contraintes et des réglementations empêcheuses. »
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