Lors du premier débat sur la sécurité, la situation à Mayotte a tenu une place prépondérante. L’île connaît des troubles d’une violence extrême depuis dix jours «dans l’indifférence générale à Paris », ont déploré les élus mahorais. Estelle Youssouffa, députée de Mayotte, et Madi Madi Souf, président de l’Association des maires de Mayotte, ont lancé un cri de détresse, dénonçant «la barbarie » et «l’impunité » de centaines de mineurs qui sèment la terreur.
Face aux explosions de violence allant crescendo qui secouent l’île depuis trop longtemps, les élus ne se satisfont pas de la réponse de l’État qui consiste à envoyer sporadiquement quelques forces de l’ordre en renfort : une promesse, en juin, de déploiement d’un escadron de gendarmes mobiles, et l’annonce récente de l’envoi d’hommes du Raid, comme cela avait déjà été le cas en mars dernier. Ces mesures leur paraissent dérisoires face au défi à relever.
Si les problématiques sécuritaires s’avèrent bien différentes entre Mayotte, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, La Réunion, la Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie française, l’intensité de la violence dans l’ensemble de ces territoires est bien plus élevée qu’en métropole. Au point de remettre en cause le pacte républicain et l’état de droit, selon les élus ultramarins.
Le président de l’Association des maires de Guyane, Michel-Ange Jérémie, a cité un chiffre révélateur : le taux d’homicides en Guyane est de 11,2 pour 100 000 habitants, soit 10 fois plus élevé qu’en métropole. Les élus locaux exigent donc unanimement que l’État assume pleinement sa mission régalienne de sécurité sur les territoires ultramarins.
Face à leurs témoignages et interpellations, les représentants des forces de l’ordre nationales, le général André Pétillot, commandant de la gendarmerie d’Outre-mer, et Christian Nussbaum, chef de la mission Outre-mer au cabinet du directeur général de la police nationale (DGPN), ont assuré les maires de la volonté de l’État d’adapter sa réponse aux spécificités de chaque territoire ultramarin. Ils ont évoqué plusieurs évolutions d’organisation et d’affectation des effectifs (nouvelles unités de gendarmerie en Guyane, à Mayotte, en Martinique, création en cours d’unités spécialisées de la police nationale dans plusieurs zones…).
Des changements salués par les élus mais jugés insuffisants. «Il faut des réponses fermes et beaucoup plus concrètes », plaide Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF, appelant à une prise de conscience et à une mobilisation d’ampleur à tous les niveaux de l’action publique contre la criminalité «qui ronge l’avenir des habitants et atteint durablement la cohésion sociale de ces territoires, ainsi que de la République toute entière ».
Au cours du second débat sur le logement, les élus ont exposé leurs besoins, en soulignant les contraintes et les paradoxes ultramarins. Alors que 80 % de la population ultramarine est éligible au logement social, seuls 15 % des ménages sont hébergés dans les logements sociaux dans les départements et régions d'Outre-mer (DROM). Ce chiffre est même proche de zéro à Mayotte.
Les besoins de réhabilitation (70 000 logements locatifs sociaux de plus de 20 ans) et d’adaptation du parc social existant sont conséquents. Difficultés pour construire, notamment du fait de l’extrême rareté d’un foncier aménageable et abordable, freins relevant de normes de construction inadaptées, importance des logements précaires : les élus ultramarins ont passé en revue les difficultés accumulées et identifié de nombreuses solutions pour sortir de l’impasse.
« Il faut dépasser le stade des constats et passer à l’action », a souligné Serge Hoareau, président de l’Association des maires de La Réunion, qui a co-produit avec les acteurs de l’ïle un manifeste pour le logement social. L’ACCD’OM vient d’adopter une liste de demandes sur l’habitat adressées à l’État (lire ci-dessous). Tandis que l’association Interco Outre-mer finalise une plateforme de propositions sur la problématique foncière, fruit là encore d’un travail de fond et concerté entre territoires ultramarins.
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