Malgré ces points positifs, reste un point noir majeur : le projet de loi de finances 2023. «Nous tirons la sonnette d’alarme car nous devons conserver notre capacité à faire », a alerté David Lisnard, soulignant au passage que le thème du prochain Congrès des maires porterait justement sur cette capacité à faire des maires. «Ce que nous savons du projet de loi de finances [2023] ne nous semble pas aller dans le bon sens, a renchéri le premier vice-président délégué de l’AMF André Laignel, maire d’Issoudun (36), également président du Comité des finances locales. La suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) est une erreur. Qu’elle soit envisagée en deux temps n’y change rien ».
L’AMF a également rappelé que les collectivités ne portaient en rien les difficultés des finances publiques : «Les collectivités ne sont responsables ni de la dette, ni des autres aspects. Nous avons un solde positif de 3 milliards d’euros dans nos comptes et notre dette est auto-financée », a précisé André Laignel.
L’éventuel encadrement des dépenses de fonctionnement des collectivités à +0,5 % équivaudrait, selon le maire d’Issoudun, à une contribution des collectivités au redressement des comptes publics d’environ «15 milliards d’euros sur cinq ans ». L’exécutif a indiqué avoir renoncé à une contribution des collectivités au redressement des comptes publics de 10 milliards d’euros mais le dispositif envisagé aurait finalement des conséquences financières plus lourdes. Quant à la DGF, sa non indexation sur l’inflation est proprement «inacceptable », pour André Laignel. Avant de prévenir : «il s’agit de trois lignes claires sur lesquelles nous ne serons pas d’accord si le gouvernement n’évolue pas ! »
L’AMF, qui a constitué début juillet un comité législatif pour mieux travailler en amont avec le Parlement sur les projets de textes [Villes de France a annoncé avoir fait de même, NDLR], attend beaucoup du débat dans les deux chambres pour amener l’exécutif à revoir sa copie. Face à la menace de l’utilisation du fameux article 49-3 de la Constitution engageant la responsabilité du gouvernement pour faire adopter un texte au Parlement, André Laignel a malicieusement répondu que «rien n’est jamais sûr dans la vie »… Sous-entendu, l’utilisation de cette arme parlementaire pourrait être à double tranchant pour celui qui l’emploie. Avant de conclure que si le «ton » de l’exécutif avait changé, finalement «rien n’a changé dans la méthode »…
Au grand dam des élus locaux dont les préoccupations, au-delà des questions financières, sont multiples. Le président de l’AMF a rappelé les différentes problématiques : maîtrise du foncier avec le zéro artificialisation nette (ZAN), risques majeurs (recul du trait de côte, incendies, sécheresse…), revitalisation rurale, bureaucratie. Autant de thèmes sur lesquels l’AMF s’est fortement investie ces derniers mois.
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