Europe
01/09/2022
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Leader France : un rapport sévère

Pour la Cour des comptes européenne, les avantages de ce programme de développement rural ne sont « pas démontrés ».

La Cour des comptes europénne critique une politique « plus coûteuse » que les programmes classiques.
Le jugement est sévère. Juste avant la pause estivale, la Cour des comptes européenne a publié un rapport qui remet en question les avantages du programme phare de développement rural qu’est Leader. En France, plus de 330 territoires ruraux sont engagés dans ce programme pour 2014-2020 (prolongée jusque fin 2022), touchant ainsi près de 27 000 communes. La particularité de Leader est de se fonder sur une démarche ascendante, qui voit les acteurs locaux gérer eux-mêmes une enveloppe pour le financement de projets de développement local définis et sélectionnés par les élus.

Au terme d’un audit mené dans dix États (mais pas en France), la Cour des comptes conclut que l’approche Leader entraîne plus de coûts et de risques que les programmes classiques et, surtout, n’y trouve pas de justification. «  Peu d’éléments, écrit-elle, indiquent que les avantages qu’elle procure l’emportent sur les coûts et les risques qu’elle engendre ».

Voilà qui fait bondir Leader France, la fédération nationale des territoires ruraux, qui a réagi par communiqué. «  Oui, le développement local par les acteurs locaux à un coût. Tout comme le fonctionnement des collectivités locales dans les États décentralisés (...). Mais aurait-on l’idée de proposer une recentralisation ? », s’insurge Thibaut Guignard, président de Leader France et maire de Plœuc-L’Hermitage (22). Réduire ce programme à une approche coût-bénéfice est «  très réducteur », reproche à la Cour le co-président de la commission Europe de l’AMF. Qui met en avant «un investissement inestimable dans l’humain, l’animation et un précieux travail de mise en réseau ».
 

Lenteurs administratives

Reste que le rapport fait mal alors que la Commission européenne examine l’efficacité du programme. Faut-il craindre pour son avenir ? «  Trente ans après son introduction, la méthode Leader a fait ses preuves, et elle reste valable à ce jour », nuance l’exécutif européen dans ses réponses à l’audit.

Face à la logique comptable de la Cour des comptes, la Commission met en avant des «  avantages démontrables en matière de gouvernance locale, de développement du capital social et de renforcement des résultats des projets ». Thibaut Guignard rejoint la Cour dans son constat des lourdeurs administratives. C’est là, dit-il, «  un des principaux problèmes » du programme Leader. Et peut-être encore plus dans l’Hexagone puisque, selon Leader France, le pays pointait au 21e rang sur 27 pour le déploiement du programme fin 2021, avec seulement 35 % de l’enveloppe déboursée.

Par I. S.
n°404 - SEPTEMBRE 2022