Une inconstitutionnalité reconnue et un imbroglio juridique
Le paragraphe III de l’article 9 a, en revanche, été reconnu contraire à la Constitution. Il concerne le stationnement des gens du voyage sur un terrain dont ils sont propriétaires. Une erreur s’est glissée dans la rédaction de ce paragraphe énonçant sans ambiguïté que les maires membres d’un EPCI compétent en matière de gestion des aires d’accueil ne peuvent pas expulser des personnes stationnant sur un terrain qui leur appartient. Par défaut, à cause d’un oubli de forme, cette règle ne s’applique pas aux maires n’appartenant pas à un EPCI compétent. Ce cas de figure est rarissime, puisqu’il s’agit d’une compétence obligatoire des EPCI et que seules quatre communes ne sont pas membres d’un EPCI à fiscalité propre (les îles mono-communales). Mais cette faille emporte néanmoins l’inconstitutionnalité de l’ensemble du paragraphe. «En permettant qu’un propriétaire soit privé de la possibilité de stationner sur un terrain qu’il possède, ces dispositions méconnaissent le droit de propriété », confirment les Sages.
Commentaire : à cause d’une coquille juridique, le paragraphe III, qui vise avant tout à empêcher l’expulsion des gens du voyage de leur propre terrain, est donc déclaré contraire à la Constitution. Paradoxalement, son abrogation immédiate aurait eu pour effet de rendre possible, dans tous les EPCI compétents, une interdiction de stationnement et une procédure d’évacuation forcée des personnes stationnant sur des terrains leur appartenant !
Pour éviter cela, le Conseil constitutionnel a reporté au 1er juillet 2020 la date de l’abrogation de cette disposition, ce qui laisse du temps au législateur de réécrire cette disposition.
Référence : décision n° 2019-805 QPC du 27 septembre 2019.