Depuis le début des incendies, les élus locaux se mobilisent, avec le soutien de la population, pour ravitailler les soldats du feu, notamment, et accueillir les personnes évacuées. Un engagement salué par l’AMF dans un communiqué du 15 juillet. «Comme toujours dans ces situations, les maires sont un relais extraordinaire », soulignait Bernard Lauret, maire de Saint-Émilion et président de l’Association départementale des maires de Gironde, le 18 juillet, dans Maire info, louant l’élan de solidarité des élus et de leurs administrés, en première ligne pour gérer la logistique alors que le feu continuait de gagner du terrain.
Mais la polémique n’a pas tardé sur les moyens, départementaux et nationaux, disponibles en matière de sécurité civile, et leur répartition territoriale. Dès le 19 juillet, alors que les incendies n’étaient pas circonscrits, les présidents des départements de la Gironde et des Landes adressaient une lettre au chef de l’État en l’objurguant de bâtir «un plan national de résilience contre le risque incendiaire ».
Jean-Luc Gleyze et Xavier Fortinon demandent «le renforcement de la force aérienne nationale de la sécurité civile » (canadairs et Dash notamment), déterminante pour l’attaque des «feux naissants ». Ils recommandent la présence «d’un dispositif avancé dans le Sud-Ouest », alors que les avions sont actuellement basés à Nîmes (30), à plus de 500 kilomètres de Bordeaux, où ils sont entretenus. Ils ont reçu le soutien d’Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, qui estime que «le pré-positionnement des moyens aériens sur le plus grand massif forestier d’Europe est une exigence » et a plaidé en ce sens, le 20 juillet, auprès de la Première ministre.
Les présidents de départements recommandent aussi à l’État de renforcer la coordination entre les forces nationales et européennes, dans le cadre du mécanisme européen de protection civile (MEPC). En déplacement à la Teste-de-Buch et à Landiras, le 20 juillet, le président de la Rébublique a admis la nécessité d’« améliorer le déploiement des moyens nationaux » en évoquant «une capacité nationale de maintenance » et des «pré-positionnements régionaux » (lire ci-dessus). Cette réflexion sera menée «après l’été », a indiqué Emmanuel Macron.
Les présidents des départements de la Gironde et des Landes estiment dans le même temps nécessaire d’augmenter les moyens dédiés au fonctionnement des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Ils soulignent que le modèle de financement des SDIS repose essentiellement sur les contributions des départements, des EPCI et des communes calculées sur la base de données démographiques datant de… 2002. Ceci, alors que «380 000 habitants supplémentaires [sont] enregistrés depuis cette date » dans les deux départements, générant une hausse des interventions. Ils estiment donc «urgent » de revoir le modèle de financement fixé par la loi relative à la démocratie de proximité du 27 février 2002.
Le financement des SDIS (matériels, effectifs…) concerne en fait toute la France. " Pour l'instant, on mobilise des sapeurs-pompiers dans les départements à faible risque pour les déployer dans les zones plus exposées, a souligné François Sauvadet, président de Départements de France, le 19 juillet, dans un communiqué. Face à la multiplication des phénomènes climatiques, ce modèle basé sur les colonnes de renfort sera à l'avenir difficilement tenable". Selon lui, " nous arrivons au bout du modèle d'organisation de la sécurité civile tel que nous le connaissons. À phénomènes nouveaux, moyens nouveaux ".
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) ne dit pas autre chose. Elle alerte, depuis plusieurs années, sur la nécessité d’augmenter les effectifs de professionnels et de volontaires. " Nous avons, depuis vingt ans, 196 000 pompiers volontaires. C’est insuffisant. L’objectif est d’en avoir 250 000. Il faut une véritable politique publique sur le sujet du volontariat », soulignait Grégory Allione, président de la FNSPF, le 15 juin, lors d’une table ronde organisée au Sénat par la «Mission de contrôle relative à la prévention des mégafeux et à la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie » créée sur le sujet, en mai, par la Haute assemblée (elle rendra ses propositions à l’automne). Il estime également urgent de «renforcer le soutien de l’État à l’investissement des SDIS qui sont aujourd’hui financés en très grande partie par les collectivités ». Et demande au gouvernement la création d’un ministère de la protection civile pour traiter l’ensemble de ces problématiques.
Dans un communiqué publié le 15 juillet, l’AMF estime aussi que «ces incendies violents doivent aussi nous conduire au niveau national à nous interroger sur notre organisation de défense contre l’incendie et les moyens qui y sont consacrés ». La lutte contre les risques majeurs est une priorité de l’AMF, qui a créé un groupe de travail sur le sujet «pour soutenir les maires dans leur effort de prévention et de gestion des risques ».
De son côté, le président de l’ADF a indiqué qu'" à l'issue de la période estivale", il organisera une réunion " pour identifier, en lien avec la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, les problématiques à l'échelle du pays et réfléchir, avec l'État, à l'adaptation de nos moyens humains et matériels de lutte contre les phénomènes météorologiques extrêmes ". " Nouveaux matériels, recrutement de sapeurs-pompiers volontaires, maillage territorial des casernes. Réorganisation et financement de la sécurité civile, tous les sujets doivent être posés sur la table pour préparer la France à affronter les nouveaux risques climatiques ", souligne François Sauvadet.