01/11/2019
Ruralité

Ruralité : pour une "vision" européenne à long terme

L'idée d'un agenda rural européen fait son chemin à Bruxelles mais les dotations risquent de ne pas suivre.

Les dotations pour le développement rural baisseraient de 28 %.
La ruralité s’invite à l’agenda européen. La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a donné à son commissaire à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, la mission de développer une «vision à long terme » de l’Union pour les zones rurales autour du développement durable, du numérique, de l’accès aux services et de lutte contre la pauvreté. Parallèlement, le Parlement européen a décidé de constituer de nouveau un «inter-groupe » consacré à l’agenda rural européen. Cette sorte de boîte à idées, qui réunit les eurodéputés de tous les bords politiques, sert surtout à maintenir la pression durant toute la législature. L’objectif du Parlement est en effet de rééquilibrer le prisme très urbain des politiques européennes.
« Cette vision rurale n’existe que sur le papier, nous attendons de voir ce qu’elle contiendra vraiment, commente Gérard Peltre, président de l’association Ruralité-Environnement-Développement (R. E. D) et du Mouvement européen de la ruralité. Il estime notamment que le gouvernement français doit défendre au niveau européen cet agenda, proche de l’agenda rural qu’il a présenté fin septembre. 

FEADER, PAC : des inquiétudes

Dans cette optique, le «RED » et le Comité européen des régions ont organisé, le 12 novembre, une conférence consacrée à cette question (1). Le gouvernement français a lancé, le 9 octobre, une concertation avec les régions sur l’élaboration du futur plan stratégique national de la politique agricole commune (PAC) pour  2021-2027. Objectif : arrêter ce plan fin 2020 afin de le transmettre pour validation à la Commission début 2021.
Les préoccupations sont grandes depuis que la Commission a présenté un cadre budgétaire pour la période 2021-2027 qui réduit de 28 % les dotations pour le développement rural dans le budget de la PAC, tout en sortant le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) des fonds de cohésion. Au-delà de cet aspect, l’urgence est de changer l’image de la ruralité, ont plaidé les participants d’un atelier consacré aux « zones moins peuplées », lors de la Semaine européenne des régions et des villes, en octobre à Bruxelles. « Les territoires ruraux doivent être envisagés comme des pôles d’innovation et de créativité, a plaidé Gérard Peltre. Les ruraux ont l’habitude de se retrousser les manches pour résoudre les problèmes. Il faut en tenir compte ! » Une approche partagée par Concepción Andreu Rodríguez, présidente de la région Rioja (Espagne). « Il faut un plan stratégique qui transforme la vision de l’espace rural, facilite l’accès aux services publics, aide ceux qui veulent entreprendre dans ces régions (…). » 
Ursula von der Leyen a promis, dans ses lettres d’intention, de « préserver nos régions rurales et d’investir dans leur avenir ». Restera à convaincre les États européens de concrétiser cette « vision ». Les négociations en cours sur le cadre financier européen ne portent pas à l’optimisme.    

(1) http://www.ruraleurope.ovh

Nathalie STEIWER
n°373 - novembre 2019