Interco et territoires
25/05/2022
Développement économique Emploi Intercommunalité

Puy-de-Dôme. Un fleuron industriel revit

Une usine de fabrication de bouteilles de gaz haute pression ouvrira à Cébazat (Puy-de-Dôme), en 2024.

La reprise de l'usine nécessite 100 millions d'euros. Clermont Auvergne Métropole financera le foncier et la construction à hauteur de 34 millions d'euros.
Le 5 juin 2019, les 136 salariés de Luxfer, située à Gerzat (dans la banlieue nord de Clermont-Ferrand), font grise mine. Leur usine fabriquant des bonbonnes de gaz haute pression ferme. Soucieux de préserver un savoir-faire stratégique, ils créent un collectif très actif et se mettent à la recherche d’un successeur à leur entreprise américaine.

La crise sanitaire, qui nécessite le recours massif aux bouteilles d’oxygène, fait aussi prendre conscience de la vulnérabilité de la France et de l’Europe : depuis la fermeture de Luxfer, le continent ne dispose plus de capacités de production de bouteilles haute pression pour l’oxygène médical… Les pouvoirs publics se mobilisent donc pour trouver un repreneur.

Le groupe français Europlasma, qui exerce une activité similaire à celle de Luxfer, manifeste son intérêt. Le groupe se déclare prêt à reprendre les deux tiers des salariés de Luxfer. La future usine, baptisée «Les forges de Gerzat », produira des bouteilles de gaz haute pression en aluminium, destinées au secteur médical et à celui de la défense. Elle valorisera aussi des matières premières issues notamment des déchets de l’industrie de l’aluminium.
 

Fonds propres et dette privée

Début janvier 2022, l’État, la région Auvergne-Rhône-Alpes et la métropole annonce la concrétisation du projet. Après avoir fait chou blanc auprès de Luxfer pour le rachat du foncier, Clermont Auvergne Métropole cherche un terrain pour construire la nouvelle usine qu’elle finit par trouver sur la zone d’activités de Cébazat, une commune limitrophe de Gerzat. Les acteurs publics s’engagent fortement dans le projet qui nécessite un investissement d’environ 100 millions d’euros.

L’État apporte 18,3 millions d’euros dont 6,3 millions d’euros sous forme de subventions, «le maximum qu’il puisse attribuer au regard de la législation européenne », précise Henri Gisselbrecht, vice-président chargé du développement économique à Clermont Auvergne Métropole et maire de Lempdes.

Le gouvernement débloque aussi 12 millions d’euros sous forme de prêt par le biais du Fonds pour le développement économique et social. Europlasma contribue à hauteur de 50 millions d’euros (25 millions d’euros en fonds propres mobilisés sur cinq ans et 25 millions levés en dette privée auprès d’un fonds de pension).

La région participe à hauteur de 3 millions d’euros ainsi qu’à travers une prise en charge des frais de formation des futurs salariés. Mais le plus gros contributeur public se révèle être la métropole, finançant à hauteur de 34 millions d’euros l’achat du foncier et la construction des bâtiments industriels. Une somme revue à la hausse par les élus par rapport aux estimations initiales bien plus modestes d’Europlasma, de l’ordre de 15 millions d’euros : «  Cela a créé un peu de tension mais tout est rentré dans l’ordre », souligne Henri Gisselbrecht.

La métropole, soucieuse d’obtenir des garanties de l’entreprise, met en place actuellement un montage juridique en accord avec Europlasma. «  La métropole construira l’usine puis la louera au groupe industriel sous forme de crédit-bail ou de loyer. Si l’activité, plus tard, venait à mal tourner, la métropole resterait propriétaire du foncier et des bâtiments », assure Henri Gisselbrecht.

Face aux procédures nécessaires à la future implantation de l’entreprise (modification du PLU, adaptation du SCoT et enquêtes environnementales), l’élu métropolitain espère que «  ce beau projet industriel puisse progresser dans des délais raisonnables ». La construction est prévue en 2023 et l’ouverture en 2024. Pourvoyeuse de près de 200 emplois à l’horizon 2028, l’usine ultramoderne d’Europlasma devrait générer, dès sa première année de fonctionnement, un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 millions d’euros.

 

Soutiens à l'industrie
L’épidémie du Covid a montré la désindustrialisation du pays et son extrême dépendance dans certains domaines majeurs. L’État et les acteurs locaux soutiennent des projets d’entreprises dans 146 territoires, dans le cadre du programme « Territoires d’industrie » lancé en 2018 par le gouvernement (18 sites sont retenus en Auvergne-Rhône-Alpes), qui pourrait se prolonger jusqu’en 2026. Parallèlement, 19 entreprises de la région bénéficient du Fonds d’accélération des investissements industriels créé par l’État en 2020 dans le cadre de France relance.

 

Thierry Guerraz
n°401 - MAI 2022