Pratique
15/04/2022
Environnement Équipement

Espaces verts. " Zéro phyto " dès l'été 2022

Au 1er juillet 2022, l'interdiction des produits phytosanitaires s'étend à l'entretien de nouveaux espaces. Il convient d'anticiper.

Prévue par la loi n° 2014-110 du 6 février 2014, l’interdiction des produits phytosanitaires s’élargit progressivement. Depuis le 1er janvier 2017, cette interdiction s’appliquait «pour l’entretien des espaces verts, des forêts, des voiries ou des promenades accessibles ou ouverts au public et relevant de leur domaine public ou privé » (art. 253-7 du Code rural et de la pêche maritime). Un arrêté du 15 janvier 2021 (JO du 21/01/2021) étend cette interdiction, à compter du 1er juillet 2022, aux «propriétés privées », «lieux fréquentés par le public » et autres «lieux à usage collectif ». Concrètement, sont expressément concernés, outre les jardins des particuliers, les cimetières et colombariums, les jardins familiaux, les parcs d’attractions, les zones commerciales, les campings et parcs résidentiels de loisirs, les établissements de santé, médico-sociaux, les établissements d’enseignement ou les lieux de travail.

Les espaces dédiés au sport sont aussi concernés. Seuls «les terrains de grands jeux, les pistes d’hippodromes et les terrains de tennis sur gazon », «les golfs et les practices » (« départs, greens et fairways ») bénéficient d’un délai supplémentaire jusqu’au 1er juillet 2025.
Après juillet 2025, en l’absence de solution alternative permettant d’obtenir la qualité requise dans le cadre des compétitions officielles, l’État établira une liste de produits phytosanitaires dont l’utilisation sera possible pour une durée limitée.
Dans tous ces espaces, situés en zones non agricoles, les maires devront veiller au respect de la règlementation. L’entretien ne pourra désormais s’effectuer que de manière manuelle ou mécanique, voire à l’aide de produits biologiques dûment autorisés par la règlementation nationale ou de produits à faible risque définis par la règlementation européenne.

L’interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires ne s’applique toutefois pas aux traitements destinés à lutter contre les organismes nuisibles (insectes et bactéries définis par la réglementation européenne), contre un danger sanitaire grave menaçant la pérennité du patrimoine historique ou biologique ainsi qu’à l’entretien des voiries «dans les zones étroites ou difficiles d’accès – bretelles, échangeurs, terre-pleins centraux et ouvrages ».
 

Actions préventives

Comment agir dès lors pour remplacer l’usage des produits phytosanitaires ? Côté prévention, certaines communes ont choisi de lutter contre les mauvaises herbes par… des plantes ! Il s’agit alors de privilégier des essences «tapissantes » réputées pour supplanter les mauvaises herbes.

À l’exemple de Saint-Sulpice-la-Forêt (1 400 hab., Ille-et-Vilaine) qui a opté pour la vivace Herniaria glabra entre les tombes de son cimetière. Dans le même esprit, Louvigné-du-Désert (3 417 hab.), dans le même département, a privilégié des variétés de thym et de Frankenia laevis qui résistent au piétinement tout en limitant la pousse des indésirables dans les allées du cimetière.

En général, les gestionnaires ne doivent pas hésiter à favoriser les plantes dites «allélopathiques », qui diffusent naturellement des composés phytotoxiques inhibant la germination et la croissance d’espèces concurrentes (Hieracium pilosella, Achillea millefolium, Origanum vulgare, Thymus hirsutus…).
 

Paillage et solutions manuelles

En matière de prévention, la palme revient sans conteste aux paillages. La technique, qui consiste à empêcher la croissance des plantes adventices en les privant de lumière, peut être aujourd’hui réalisée avec des copeaux de bois, des feuilles mortes, du bois raméal fragmenté (BRF), des paillettes de lin, des écorces (pin, peuplier…), à l’aide du paillage minéral (ardoise, pouzzolane, déchets de coquilles Saint-Jacques ou d’huîtres), ou encore de gravier, galets, brique pillée. De quoi avantageusement remplacer les traditionnelles toiles tissées disgracieuses et autres bâches en polyéthylène ou polypropylène réalisées à base d’hydrocarbures.

À Fontainebleau (19 196 hab., Seine-et-Marne) et à Saint-Étienne (171 000 hab., Loire), ce sont des cosses de cacao qui ont été retenues pour contrer la pousse des herbes indésirables au pied des plants.

À L’Isle-d’Espagnac (5 580 hab., Charente), la ville récupère les cartons usagés des habitants de la commune. Mis à même la terre, ils peuvent être recouverts d’écorces de bois raméal fragmenté.

Du côté des solutions «manuelles », retenons la balayeuse mécanique, la binette, le réciprocateur, la démousseuse, la dameuse, la bineuse électrique ou encore le jet haute pression.

Parmi les solutions répandues, le désherbage thermique repose désormais sur plusieurs techniques : flamme directe, infrarouge, eau chaude, vapeur, air chaud, mousse chaude.

La gamme des prix est à l’image de la variété des modèles : de quelques centaines d’euros pour un modèle portable avec une lance branchée sur une bonbonne de gaz, à 5 000 euros pour un modèle roulant à infrarouge. Pour un désherbeur thermique à eau chaude ou à vapeur, compter au moins 10 000 euros, voire plus de 40 000 euros pour les modèles les plus perfectionnés. La multiplicité des solutions n’autorisera aucune excuse pour ne pas être prêt d’ici le 1er juillet 2022 !
 

En savoir + :
• Ecophyto Pro. www.ecophyto-pro.fr
• Plante et Cité : www.plante-et-cite.fr
• Lire notre article " Comment parvenir au zéro phyto ? "
Christophe Robert
n°400 - AVRIL 2022