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Les zones rurales et isolées ne devraient pas être concernées par les suppressions de DAB, assurent les trois banques.
Les trois groupes bancaires BNP Paribas, Crédit Mutuel et Société Générale ont décidé de mutualiser leurs distributeurs de billets de banques (DAB) et de créer un seul réseau commun. Leur objectif est de « garantir un meilleur accès au libre-service bancaire et renforcer l’offre de services pour leurs clients ». Ce partage devrait permettre à ces derniers de « bénéficier, gratuitement, d’un accès renforcé à l’intégralité des services proposés par leur banque sur les automates communs : dépôt et retrait d’espèces, dépôt de chèques, consultation de comptes, impression de RIB, etc. » Un usager de l’une des trois banques ne paiera plus de commission en cas d’utilisation d’un automate appartenant à l’une des deux autres banques.
Sur les 48 710 distributeurs de billets en activité fin 2020, toutes banques confondues, et les 25 145 points de distribution d’espèces situés dans des commerces, selon les derniers chiffres publiés par la Banque de France en juillet dernier, la tendance baissière du nombre de DAB (qui était alors de moins 3,2 %) devrait donc se confirmer dans les prochaines années.
À l’échelle nationale, la baisse du nombre de DAB « se concentre sur les villes les plus peuplées et les mieux équipées, reflétant une optimisation des installations existantes dans les zones les mieux équipées et n’étant donc pas de nature à altérer les indicateurs d’accessibilité », explique la Banque de France dans son dernier rapport sur l’accès du public aux espèces (lire ci-dessous). Seulement, la crise sanitaire est passée par là et notamment ses confinements qui ont poussé les consommateurs vers les paiements et opérations bancaires en ligne. En 2020, le nombre de retraits par carte bancaire (1 milliard d’opérations) a reculé de 22,8 %. Mais il y a eu 1,8 milliard de paiements en vente à distance, et 4,6 milliards de paiements sans contact…
Pas d’impact en zones rurales ou isolées
L’opération lancée par BNP Paribas, Crédit Mutuel et Société Générale suit donc la tendance générale du marché. Si certains DAB seront supprimés, ce projet ne devrait toutefois pas avoir d’impact dans les zones rurales et isolées. C’est en tout cas ce qu’affirme à Maires de France les trois groupes bancaires qui ont apporté une réponse commune à la sollicitation de Maires de France. « L’objectif est de sécuriser la présence des DAB dans ces zones », ont-ils même insisté. Un particulier comme un professionnel aura « moins de distance à parcourir » pour retirer ou déposer chèques et espèces. « Ce projet permettra de s’adapter aux nouveaux usages bancaires tout en garantissant durablement un accès aux espèces pour les particuliers comme pour les professionnels, notamment dans des zones et des territoires qui auraient été, à terme, menacés ». En clair, les trois banques mutualiseront leurs automates dans les zones où, auparavant, on pouvait trouver plusieurs DAB sur un espace restreint pour sauver leur présence dans des zones moins achalandées.
Après étude de la faisabilité et de l’intérêt de cette idée lancée à l’automne dernier, les trois banques ont décidé de créer «une co-entreprise ». Elles vont prochainement signer un protocole d’accord visant à la créer. « Cette structure juridique permettra de déployer la mise en commun des automates bancaires. La co-entreprise gèrera l’implantation, l’installation, l’approvisionnement, la surveillance et la maintenance des automates, ainsi que les outils informatiques nécessaires au fonctionnement des transactions clients ». Le projet pourrait se déployer « à partir de 2023 ». Mais il n’est pas encore abouti puisque les banques doivent encore obtenir les autorisations nécessaires et consulter les instances représentatives du personnel concernées.
Accessibilité aux espèces
La Banque de France évalue à 99,3 % la proportion de la population située à moins de 10 minutes (en temps de trajet en voiture) du point d’accès le plus proche de retrait d’espèces (distributeur de billets ou point d’accès privatif). Fin 2020 (derniers chiffres disponibles), 6 545 communes disposaient d’au moins un DAB, à savoir la quasi-totalité des villes de plus de 10 000 habitants, mais seulement, 2,9 % des communes de moins de 1 000 habitants… Un peu plus de la moitié des communes entre 1 000 et 10 000 habitants étaient équipées (54,88 %).
Bénédicte Rallu
n°400 - AVRIL 2022