Maxime Perrotey
Le Premier ministre, Jean Castex, s'est déplacé, le 12 décembre 2021, pour inaugurer la réouverture de la ligne ferroviaire.
En décembre 2018, lorsque la SNCF a décidé de fermer la ligne ferroviaire reliant Saint-Dié-des-Vosges (20 060 hab.) à sa commune Épinal (33 706 hab.), Patrick Nardin, le maire de la ville, ne pensait pas que des trains circuleraient à nouveau sur cet axe de 48 km. Mais c’était sans compter la mobilisation des services de l’état, de la région Grand Est et des élus locaux.
« Cette réouverture est la démonstration que lorsque l’état et les collectivités s’entendent, il est possible de rouvrir des petites lignes ferroviaires », explique le maire d’Épinal. Et ce, en un temps record puisqu’en deux ans et demi, les financements (21 M€ pris en charge à 60 % par la région et à 40 % par l’état) ont été trouvés et les travaux réalisés. Ces derniers ont porté sur la rénovation de deux tunnels, le renouvellement du ballast sur 7,7 km, le remplacement des rails et des traverses ainsi que sur la modernisation de six passages à niveau.
Le 12 décembre 2021, les trains ont à nouveau circulé sur cet axe à raison de dix allers/retours par jour, huit le samedi et six le dimanche. Un trajet effectué en 53 minutes (20 minutes de moins qu’avant 2018), contre 1h30 en voiture.
La région a conçu cette offre en étroite liaison avec les élus locaux, la population, les associations d’usagers. «La concertation a duré plus d’un an et demi », rappelle David Valence, maire de Saint-Dié-des-Vosges et vice-président régional délégué aux mobilités et aux infrastructures de transport. Au préalable, une étude sur les déplacements avait démontré le potentiel de la ligne.
Reconquête et espoir
« Le volume de voyageurs attendus permettra de financer au minimum 20 % de son coût d’exploitation », fait valoir David Valence. Un seuil en deçà duquel «il n’est pas pertinent de rouvrir une ligne ferroviaire ». Ce critère, qualifié de «rationnel » par le maire de Saint-Dié-des-Vosges, a conduit la région à supprimer cinq arrêts.
En cause : une quasi absence de voyageurs et des haltes ferroviaires non seulement excentrées des centres-bourgs mais aussi dénuées de capacité de stationnement. «Cette décision, qui permet d’optimiser les temps de trajet, a été partagée par les élus concernés. Nous avons mis en place des services de substitution par car », précise l’élu.
Pour David Valence, cette réouverture symbolise la « reconquête et l’affirmation des villes moyennes » qui se traduit par un marché immobilier très dynamique. « Saint-Dié-des-Vosges a perçu 400 000 € de droits de mutation en plus qu’en 2020. » Une conséquence directe des confinements liés au Covid-19. « C’est aussi le symbole du retour d’un service public. » Lequel va permettre de connecter les territoires ruraux aux métropoles et de répondre aux besoins de mobilité pendulaires (actifs, étudiants) mais surtout occasionnels pour accéder aux soins, administrations, loisirs, culture…
« Il ne faut pas négliger cette clientèle car elle pèse une part importante de la fréquentation et paie plus cher le train que les abonnés », rappelle David Valence.
Pour Patrick Nardin, le retour du train entre les deux villes est «un gage d’attractivité de nos territoires pour attirer les cadres ». La nouvelle offre propose aussi une liaison directe entre Épinal et Strasbourg (147 km) en 2h30, sept fois par jour. «Il est trop tôt pour affirmer que cela va contribuer à développer une nouvelle économie. » Il n’empêche que cet espoir est bien présent. «La réouverture des petites lignes ferroviaires est capitale pour nos territoires », insiste Patrick Nardin. « De plus, c’est un moyen de réduire notre impact sur l’environnement. Plus nous développons les transports en commun, moins il y a de voitures sur la route. »
D'autres dessertes ferroviaires en 2025
L’exploitation de la ligne de train entre Saint-Dié-des-Vosges et Épinal figure dans l’un des trois lots ouverts à la concurrence dans le Grand Est.
Dans le cadre de cette procédure, la région sera gestionnaire des infrastructures ferroviaires. «Les futures concessions intégreront l’exploitation des trains et la réalisation des travaux de rénovation », indique David Valence.
Ce qui permettra de rouvrir, fin 2025, la ligne entre Nancy, Vittel et Contrexéville (fermée en 2016) et deux arrêts sur celle entre Saint-Dié et Épinal.
Christine Cabiron
n°399 - MARS 2022