Travail sur les circuits courts dans l’Hérault
Quels sont les apports des conseils de développement aux politiques publiques ainsi qu’aux projets développés sur un territoire ? Le Codev du Pays Cœur d’Hérault, qui réunit 3 communautés de communes et 77 communes, s’est vu déléguer la mise en œuvre de la concertation sur le SCOT ainsi que la réflexion autour du plan climat-air-énergie territorial. « Des représentants du Codev participent à chacune des commissions du Pays Cœur d’Hérault. Ils bénéficient d’une grande proximité avec les techniciens et les chargés de mission du Pays qui leur apportent leur soutien logistique et leur expertise », détaille Bernard Fabreguettes, élu à la communauté de communes du Clermontais et à Pays Cœur d’Hérault, également chargé de faire le lien entre les élus et le conseil de développement. Dans le cadre d’une auto-saisine, ce Codev est également en train d’organiser des États généraux de l’alimentation et de l’agriculture durable, prévus pour se tenir d’ici un an. « Les membres du conseil réfléchissent notamment à l’organisation de circuits courts ainsi qu’aux traitements chimiques utilisés dans le monde agricole et la viticulture, explique Bernard Fabreguettes. La Fondation de France a alloué au Codev une enveloppe d’environ 12 000 € dans le cadre de ce projet. »
Une des caractéristiques des Codev repose sur leur variété, tant au niveau de leur forme que de leurs ressources, ou du contexte dans lequel ils interviennent. Variété aussi dans l’activité même de ces assemblées consultatives, comme le raconte Jean-Paul Guerquin : il préside le Codev de la communauté d’agglomération du Val de Fensch (Moselle), laquelle regroupe 10 communes et 70 000 habitants. «Depuis quinze ans, c’est mon troisième mandat au sein de ce Codev créé en 2003. Je suis en quelque sorte un ancien de la boutique », plaisante ce retraité de l’Éducation nationale. Fort de cette expérience, il estime que le travail des Codev tout comme leur efficacité dépendent beaucoup du président de l’EPCI. Lui-même en a côtoyé trois. «En fonction de ses demandes et de sa personnalité, c’est pour nous le jour ou la nuit, estime Jean-Paul Guerquin. Un président peut enterrer nos rapports et fermer les robinets financiers, ou bien le contraire. Le Codev peut être réduit à un simple “machin” ou devenir vraiment “un plus”. Ici, jusqu’à présent, tous nos rapports ont été pris en compte et mis en œuvre à 90 %. De plus, comme je connais tout le monde au sein des services de l’agglomération, j’accède très vite aux informations. »
Porté par cette dynamique, le Codev du Val de Fensch, qui réunit actuellement une soixantaine de membres dont la moitié participe régulièrement aux commissions, n’hésite pas à s’impliquer. «Nous avons travaillé neuf mois sur le bien vieillir, expose Jean-Paul Guerquin. Notre projet était de dresser un état des lieux de la population vieillissante sur notre territoire. »
L’appel de Sète
Après l’organisation d’un colloque réunissant tous les acteurs intervenant dans le secteur du troisième âge, le Codev a fait désigner dans chacune des 10 communes du territoire une personne référente sur le thème du bien vieillir. Puis il a initié une enquête de terrain directement auprès des anciens, afin de mieux cerner leurs besoins et leurs demandes. «Le rapport que nous avons établi à la suite de ce travail a été adopté au printemps dernier, raconte Jean-Paul Guerquin. Il préconise notamment d’accompagner les personnes âgées dans leur apprentissage informatique et leur utilisation d’internet. Nous avons aussi proposé de créer en ligne un portail senior afin de réunir toutes les informations qui leur sont utiles, notamment en matière d’animation. » Ces préconisations ont-elles été suivies d’effet ? Jean-Paul Guerquin reste prudent : « Jusqu’ici, nous avons encore du mal à mesurer les effets de ces conseils. » Une situation en demi-teinte qu’il explique par le jeu politique : «Les seniors représentent une population précieuse pour les maires. Les élus préfèrent donc que les décisions les concernant soient prises au niveau communal plutôt qu’intercommunal, afin de mieux bénéficier de leurs retombées. » Mais le Codev du Val de Fensch n’en restera pas là : il pense déjà à organiser, début 2019, un forum des anciens.
Pourtant, le risque est là, souligné par Yves Londechamp, de la CNCD : «Trop fréquemment, les Codev ne sont pas ou peu écoutés par les élus, ni exploités à la hauteur de leur valeur, car ils sont considérés comme un apport accessoire. Ou parce que leurs propositions ne sont pas en adéquation avec l’agenda des élus… » C’est l’une des raisons pour lesquelles la CNCD a profité des rencontres nationales pour lancer un appel (2) aux responsables politiques locaux à qui elle demande, s’ils ne l’ont pas fait, de créer leur Codev, puis de le doter de moyens suffisants et d’établir avec lui un dialogue constructif. Mais cet appel s’adresse aussi au gouvernement qui, selon la CNCD, devrait assurer «un cadre, tant financier qu’humain, qui permettra à tous les conseils de développement de fonctionner correctement ».
(1) À l’époque de cette déclaration, Jacqueline Gourault occupait le poste de ministre auprès du ministre d’État ministre de l’Intérieur.
(2) http://www.conseils-de-developpement.fr/ 2018/10/15/appel-de-sete/