Pratique
31/01/2022
Environnement Équipement

Propreté urbaine : les élus en première ligne

À la ville comme à la campagne, la propreté des espaces publics figure parmi les principales exigences des habitants.

Pour 51 % des Français, la propreté des rues constitue une attente prioritaire à l’égard de leur maire. Les déchets au sol constituent la principale nuisance identifiée pour 78 % de la population, selon une enquête Kantar réalisée en février 2021. Le sujet figure donc logiquement en tête des priorités d’action des maires. Si la collecte et le traitement des déchets ménagers relèvent de l’échelon intercommunal (lire Maires de France n° 382 de septembre 2020, pp. 58-59), il incombe bien à la commune d’assurer la propreté de ses rues et de ses espaces publics. L’article L. 2212-2 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) charge en effet le maire d’assurer, au titre de ses pouvoirs de police, «le nettoiement (…) ainsi que le soin de réprimer les dépôts, déversements, déjections, projections de toute matière ou objet de nature à nuire, en quelque manière que ce soit, à la sûreté ou à la commodité du passage ou à la propreté des voies ».

Suivant de près ces questions, l’Association des villes pour la propreté urbaine (AVPU) a mis en place une méthodologie baptisée IOP (pour indicateurs objectifs de propreté) afin de pouvoir quantifier et qualifier ce qui salit notre espace public. L’association relève ainsi que le niveau de propreté des villes s’est globalement amélioré ces trois dernières années : le nombre de salissures pour 100 m2 serait passé de 0,96 en 2018 à 0,94 en 2019 avant de retomber à 0,88 en 2020. Parmi les salissures les plus présentes, ce sont les papiers non alimentaires que l’on trouve en tête (24 %), suivis des concentrations de mégots, à égalité avec les emballages d’origine alimentaire (14 %), puis les déjections canines (11 %). «Les espaces publics situés aux alentours des secteurs d’habitat collectif de la périphérie sont les plus salis », note encore l’AVPU. «À l’opposé, les parcs et jardins enregistrent le plus faible niveau de salissure. »

Comme le souligne Sylviane Oberlé, chargée de mission «prévention des pollutions » à l’AMF, «la propreté urbaine est une mission qui, par essence, s’aborde en fonction du terrain. Ainsi, on ne nettoie pas une ville en pente comme une ville plate, une plage de sable comme une grève de galets, la balayeuse ne passe pas dans les rues étroites, etc. » (lire Maires de France n° 396 de décembre 2021, pp. 40-41).
 

« Poubelles intelligentes »

La propreté urbaine dépend aussi des moyens techniques dont la collectivité dispose. Deux tendances de fond semblent déjà se dégager : le déploiement des outils numériques dans le mobilier urbain et le renouvellement des flottes d’engins publics de voirie, plus propres, pour diminuer les émissions polluantes et les nuisances sonores.

Dans ces deux domaines en particulier, les fabricants rivalisent d’imagination pour rendre nos villes et nos villages plus propres. En témoigne par exemple le développement des corbeilles compactantes. Capables de contenir jusqu’à cinq fois plus de déchets qu’une poubelle traditionnelle, ces poubelles de nouvelle génération préviennent désormais, par voie électronique, lorsqu’elles ont besoin d’être vidées. Les modèles les plus récents sont électriquement autonomes, fonctionnant avec un panneau solaire alimentant une batterie.

Après Menton (06), Colombes (92), Aix-en-Provence (13), Colmar (68) ou encore Joué-lès-Tours (37), ce sont récemment les villes de Charenton-le-Pont (94) et Trappes (78) qui viennent de s’équiper de telles poubelles «intelligentes ». Séduisante, cette solution peut être proposée à l’achat comme à la location. «L’idée n’est pas qu’il y en ait partout, mais là où il y a le plus de problèmes de propreté », explique Aurélien Perrot, adjoint au maire de Trappes chargé de la ville propre et des mobilités.
 

Contenir les coûts

Du côté des véhicules d’entretien de la voirie, l’électrique progresse dans les flottes des collectivités. Nombre de modèles de balayeuses de voirie fonctionnent aujourd’hui sans moteur thermique, contribuant précieusement à la quiétude des riverains. Certains modèles électriques sont même capables d’aspirer tous types de déchets sur la voirie (des canettes aux déjections en passant par les papiers et les mégots). C’est le cas de l’engin récemment acheté par la municipalité de Caudry (59). Coût de l’acquisition : environ 20 000 euros. «J’espère que, quand les gens verront les rues propres, ils n’auront pas envie de les salir », escompte Frédéric Bricout, maire de la commune.

Si de nombreuses communes sont aujourd’hui prêtes à mettre la main au portefeuille pour rendre leurs espaces publics plus propres, de plus en plus de maires n’hésitent plus, en retour, à verbaliser les contrevenants pour rompre avec l’inflation des coûts. L’occasion de rappeler que tout dépôt de déchet sur la voie publique est passible d’une contravention de 3e classe (68 euros). Avis, notamment, aux jeteurs de mégots. La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a aussi renforcé les moyens des élus pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets (lire Maires de France n° 388 de mars 2021, p. 50).  

 

En savoir + :
L’Association des villes pour la propreté urbaine propose des bonnes pratiques afin d’améliorer l’environnement urbain. Elle a créé le label «Ville Éco-propre ». L’association «Gestes propres » mobilise tous les acteurs locaux sur la prévention des déchets sauvages et marins.
Christophe Robert
n°397 - JANVIER 2022