Pour l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSII, www.ssi.gouv.fr/administration), une politique de mot de passe a pour préalable une analyse de risques : vol de données personnelles, dysfonctionnement de services ou encore ouverture d’une porte sur l’ensemble du système d’information municipal. À cet égard, la messagerie et l’accès aux comptes administrateurs (gestion de droits, accès au serveur, à la sauvegarde…) sont particulièrement critiques. Compromis, ils pourront être utilisés pour de multiples cyberattaques : vol ou destruction de données, hameçonnage, chantage, rançongiciel…
Plus un mot de passe est long, plus il combine majuscules, minuscules, caractères spéciaux et chiffres, plus il a des chances d’être robuste. Les mots de passe doivent comporter dans l’idéal au moins 12 caractères, sans exiger de limite de taille maximale, et être différents pour chaque service. Les dates de naissance et autres informations individuelles comme les expressions logiques (12345…) doivent être proscrites.
Pour faciliter sa mémorisation, le mot de passe peut utiliser les premières lettres d’une phrase comme «un tien vaut mieux que deux tu l’auras » qui donnera 1tvmQ2tl.
Ce peut être aussi une phrase retranscrite phonétiquement comme ght2Vlo%E7am pour «j’ai acheté deux vélos pour cent euros cet après-
midi ». La durée d’authentification au service tout comme le nombre de tentatives pour y accéder doivent aussi être limités.
Si les règles sont trop contraignantes, l’utilisateur les contournera. Aussi l’Anssi invite-t-elle à placer le curseur au bon endroit. Un renouvellement du mot de passe tous les 90 jours serait suffisant et uniquement pour les services critiques. Fixer des délais plus courts risque de se révéler contreproductif, comme la création de fichiers de mots de passe (à prohiber), voire le post-it en évidence sur l’ordinateur. Avec les coffres-forts de mots de passe (Keepass, Dashlane...), la multiplication des mots de passe n’est plus un problème. Ces outils permettent de générer des mots de passe complexes – avec un seul mot de passe à mémoriser pour accéder au logiciel – tout en s’interfaçant avec le navigateur pour compléter automatiquement les formulaires d’authentification.
Les dictionnaires et autres logiciels utilisés par les cyberdélinquants permettent cependant de décrypter la plupart des mots de passe : ce n’est qu’une question de temps et de puissance de calcul. Aussi, l’Anssi recommande-t-elle notamment aux collectivités de s’orienter progressivement vers une authentification multifacteurs. Celle-ci combine des informations correspondant à «ce que je sais », comme un mot de passe, avec «ce que je possède », comme une carte à puce, une clef USB sécurisée ou un générateur de codes PIN (ou token). L’Anssi déconseille en revanche l’usage de la biométrie (empreinte, forme du visage), peu fiable et complexe à gérer. Plus coûteux, ces systèmes doivent être réservés à des applications critiques (état civil, finances, supervision informatique…) et être intégrés au cahier des charges présidant au choix des logiciels.
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