Un exercice qui lui permettra de pousser ses propres priorités, que ce soit en définissant l’agenda des groupes d’experts qui œuvrent en amont des réunions ministérielles, en choisissant de faire remonter certains dossiers jusqu’aux ministres (ou pas). Ou en organisant des événements et réunions « informelles » autour de sujets choisis – près de 400 rendez-vous sont programmés dans toute la France (lire ci-dessous).
Chaque présidence permet au pays qui l’exerce d’imprégner sa marque au calendrier européen, même si des imprévus peuvent tout chambouler – la crise sanitaire en est le «meilleur » exemple depuis deux ans. En présentant les priorités françaises en décembre dernier, Emmanuel Macron a mis l’accent sur certains thèmes clés comme la souveraineté stratégique, l’adaptation des règles budgétaires, les ambitions climatiques et numériques – avec, sur ce dernier sujet, la volonté d’apporter une réponse européenne face aux discours haineux et au harcèlement en ligne.
Quels enjeux ce semestre représente-t-il pour les collectivités ? Celui de la ruralité d’abord. « Il est nécessaire de ruraliser l’ensemble des politiques de l’UE et que la France soit le moteur d’un agenda rural européen », a martelé, ces derniers mois, Thibaut Guignard, maire de Plœuc-L’Hermitage (22) et co-président de la commission Europe de l’AMF. C’est clair : les élus ruraux ont fait le forcing pour inscrire cet agenda dans le calendrier européen, soutenus par le Sénat qui a adopté, le 4 novembre dernier, une résolution dans le même sens.
Au final, et même si Emmanuel Macron ne l’a pas évoqué dans ses priorités (pas plus qu’il n’a mentionné les collectivités locales dans son discours), un grand rendez-vous est bien prévu à Strasbourg, le 3 février, dans l’enceinte du Parlement européen, sur le thème «Ruralisons l’Europe ». Objectif : «apporter de réelles corrections aux fragilités des ruralités en permettant la montée en puissance des dispositifs et en mettant en place un grand plan d’action en faveur de ces territoires », expliquait le sénateur Patrice Joly, président de l’Association nationale «Nouvelles Ruralités », lors du vote de «sa » résolution au Sénat.
À cette occasion, le secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, a précisé que la ruralité sera aussi portée par la présidence française lors d’une réunion ministérielle informelle consacrée à la cohésion, programmée à Rouen, les 28 février et 1er mars. «La perspective d’un agenda rural européen permettrait effectivement d’apporter, au-delà d’un signal fort en direction de nos territoires, une réelle réponse à [des] demandes sur mesure », a-t-il déclaré.
Autre rendez-vous : Marseille, les 3 et 4 mars, pour un Sommet européen des villes et régions co-organisé par le Comité européen des régions (CdR) et la région Sud-Paca, et soutenu par l’AMF, l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France. L’événement doit réunir quelque 2 500 représentants locaux et régionaux dans la cité phocéenne, et autant en ligne. Trois séances plénières sont prévues sur les grands défis sociétaux qui se posent aux territoires européens : la cohésion territoriale, les efforts de relance et la démocratie européenne. Des séances de travail aborderont notamment la relance rurale, la résilience numérique, la santé, les risques climatiques, les nouvelles formes de démocratie représentative et participative, les femmes dans la politique locale...
C’est aussi sous la présidence française que se clôtureront les travaux de la Conférence sur l’avenir de l’Europe : le Sommet de Marseille se tiendra une semaine avant la session plénière finale de la Conférence et permettra au CdR de présenter sa contribution à ce vaste exercice de démocratie participative. Dans une intervention en visio au CdR, début décembre, le chef de l’État a dit vouloir se «battre pour (…) l’indispensable réforme institutionnelle qui doit en découler pour avoir une Europe plus proche du terrain, plus subsidiaire, dans laquelle nos concitoyens ont le sentiment d’être, avec leurs élus de proximité, les véritables décideurs ». À suivre.
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