Le sujet reste une priorité pour les élus. La crise sanitaire liée au Covid-19 a démontré leur place irremplaçable parmi les acteurs de la «communauté éducative ». Comme à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), où «aucun enfant n’a été perdu lors du premier confinement » se félicite Catherine Arenou. Elle est maire d’une ville pauvre, familière de toutes les politiques dites «spécifiques » pour compenser les inégalités. L’une des dernières en date concerne l’école, c’est la Cité éducative. La municipalité l’a mise en place dès 2018, avant même que l’État estampille le dispositif de son label. «Cela change tout quand on crée cette éducation de la confiance, apaisée, où l’enfant comprend que tous les acteurs sont là pour sa réussite et non pas pour lutter contre son échec » explique-t-elle.
Une autre expérimentation intéresse les maires, celles des territoires éducatifs ruraux, lancée en 2021. À l’image des cités éducatives, l’enjeu est de «fédérer la communauté éducative » et de «sortir de nos silos respectifs » résume Marc Andreu-Sabater, maire de Vire Normandie (Calvados). Cela requiert aussi de la sérénité. «Tous ces dispositifs n’ont de sens que s’ils inscrivent dans la durée », c’est le message des maires au gouvernement. Le message fait écho à celui des enseignants, qui appellent aussi «à la stabilité » résume la secrétaire générale du SNUIPP, Guislaine David.
Les maires demandent aussi à ce que la carte scolaire ne «brise pas les dynamiques ». Que leurs investissements dans de nouvelles classes, dans des équipements numériques ne soient «pas remis en question du jour au lendemain sous prétexte d’un petit effritement des effectifs ». Or, «chaque année on repasse sur la table de jeu. L’Éducation nationale raisonne parfois de manière comptable mais il faut qu’elle investisse sur le contribuable de demain aussi ! » dénonce Frédéric Leturque. «Il faut revenir à la logique de décentralisation » appuie Delphine Labails, maire de Périgueux, sa collègue à la présidence de la commission Éducation de l’AMF.
L’école est pour les maires «le sujet qui doit être un point déterminant de l’agenda rural ». Les conventions ruralités ont justement été proposées comme «un dispositif dérogatoire qui nous permet de réfléchir à ce que nous voulons comme école de qualité, et demander au ministère de nous donner les moyens pour cela » relance Christian Montin, président de l’association des maires du Cantal, un département pionnier. Il reste convaincu de sa pertinence pour «rendre l’école rurale plus attractive ». Il regrette toutefois que «le territoire ne se soit pas assez approprié la démarche ». La balle est donc aussi dans le camp des maires.
« Les élus ont montré ce qu’ils étaient capables de faire en terme d’investissement », ils «montent en puissance, ils montrent leur savoir-faire » observe le sociologue Choukri Ben Ayed. Cette réflexion l'amène à poser «une question de fonds » : «le système éducatif doit-il se gouverner par le haut ou par le bas ? ». Un thème pour la présidentielle ?