La crise du tourisme impacte encore fortement les métropoles et les territoires ultra-marins. Gabrielle Louis-Carabin, maire du Moule (Guadeloupe) a témoigné des conséquences lourdes de la crise : territoire endeuillé, confinements, réduction du trafic aérien et arrêt des bateaux de croisières. Le tourisme local peut-il remplacer le tourisme international ? C’est l’un des enjeux essentiels pour les acteurs du secteur, «les touristes étrangers n’ayant pas le même pouvoir d’achat que les nationaux », a relevé Pierre-Alain Roiron.
Sauf que le secteur est responsable de 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Un constat est partagé : le tourisme durable, de proximité, centré sur le patrimoine, n’est plus une option. «Les dynamiques territoriales doivent évoluer en ce sens », estime Florent Guitard, chargé de projets à la Mission des offices de tourisme Nouvelle-Aquitaine (Mona). «Nous devons avoir un tourisme beaucoup plus responsable envers les hommes, envers les femmes, envers l’environnement » a abondé Muriel Abadie, maire de Pujaudrau et vice-présidente de la région Occitanie en charge du tourisme durable.
Pour une gouvernance adaptée, Laurent Peyrondet, maire de Lacanau (Gironde) souhaite qu’un bilan soit fait de la loi NOTRe de 2015. Sur son territoire, il a fallu mutualiser les offices du tourisme sur 14 communes.
Premières touchées par la crise et le dérèglement climatique, les stations de ski n’ont pas d’autre choix que de se réinventer. Intervenant du forum, le maire de Touillon-et-Loutelet (Doubs), Sébastien Populaire, a rappelé l’urgence de sortir de la saisonnalité été/hiver. «À partir de 2035-2040, il n’y aura plus assez de neige pour conserver un modèle économique centré sur le ski alpin ». Le maire a déjà engagé la mutation dans sa station, en essayant de «lisser les flux de touristes sur les quatre saisons ». L’agence Savoie Mont-Blanc prépare le schéma touristique de demain : mieux diriger les populations touristiques et valoriser certaines destinations a exposé Nicolas Rubin, maire de Châtel (Haute-Savoie).
Les communes très touristiques doivent aussi revoir leur modèle. Pierre Gonzalvez, maire de L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse), a évoqué les effets des vagues de (dé)confinement, les touristes ayant déferlé sur des pôles déjà saturés. «Quand le tourisme n’est pas maîtrisé, les collectivités peuvent se retrouver en difficulté, et le secteur peut être déséquilibré ». C’est aussi ce qu’a constaté Maider Aosteguy, maire de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), pour qui 2021 a été «l’année du siècle », mais avec des effets délétères sur les habitants, en termes de nuisances, d’incivilités, et de prix de l’immobilier. Les biarrots «ne peuvent plus se loger, alors que des complexes touristiques continuent de sortir de terre ».
Jean-Baptiste Lemoine, secrétaire d‘État chargé du tourisme, a clos les débats en insistant sur la valeur de référence du tourisme en France, et sur son avenir résolument optimiste. «Des destinations qui n’en sont pas sur la carte touristique vont sortir de terre ». En misant sur les atouts du pays (culturels, patrimoniaux, naturels), «les visiteurs resteront plus longtemps, et dépenseront plus sur le territoire ». Et les évènements sportifs des années à venir «remettront la France sur la carte des destinations mondiales ».
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