L’un des principaux défis des collectivités est d’accompagner les usages du numérique dans les territoires et de lutter notamment contre l’illectronisme. Plusieurs intervenants ont ainsi abordé le rôle des conseillers numériques. Patrick Molinoz, co-président de la commission numérique de l’AMF, maire de Venarey-Les Laumes (Côte-d’Or), a mentionné les chiffres : «242 conseillers numériques déjà opérationnels, 3 500 postes ouverts, 1 100 en formation ». Il a salué ce dispositif qu’il qualifie «d’excellente idée » avec un bémol cependant sur la qualité des formations délivrées aux conseillers. Olivier Jean-Denis, conseiller municipal du Lorrain (Martinique), s’est dit satisfait de ce dispositif. «Nous avons deux conseillers numériques depuis juillet 2021. C’est une réelle opportunité car il y a une dynamique de développement [des usages] sur notre territoire. »
Ces conseillers numériques interviennent auprès des seniors, qui peuvent avoir une méconnaissance ou une appréhension du numérique, mais aussi auprès des plus jeunes. Guillaume Clédière, directeur du programme France Services à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), a rappelé l’existence des guichets uniques France Services pour accompagner les citoyens dans leurs démarches administratives. Celles-ci seront d’autant plus faciles et sûres avec l’identité numérique qui verra le jour au premier trimestre 2022, avec la nouvelle CNI, une application et un code personnel, a annoncé Valérie Péneau, directrice du Programme France identité numérique.
Le forum a immanquablement abordé la problématique des cyberattaques dont un nombre croissant de collectivités sont victimes, après un message de Guillaume Poupard, directeur de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), soucieux de poursuivre la sensibilisation des maires. «Il faut que les élus prennent conscience de ce danger et se protègent, a insisté le général Marc Boget, commandant de la gendarmerie dans le cyberespace. La cybersécurité peut sembler très loin du cœur de métier des maires, mais en réalité ce n’est pas une problématique technique. La gendarmerie peut d’ailleurs vous aider et de nombreux agents sont formés pour vous accompagner dans la mise en place d’un service de sécurité », a-t-il informé les élus.
Moment fort de ce forum : le témoignage de Bernard Baudoux, maire d’Aulnoye-Aymeries (Nord). Sa commune a été victime d’une cyberattaque (lire Maires de France n° 390 de mai 2021, pp. 44-45). «Nous étions alors incapables de faire des actes de décès, d’émettre des autorisations d’inhumer. Le personnel était traumatisé. Vingt années de délibérations municipales ont disparu ainsi que tous les fichiers de la médiathèque. Ehpad, cantine scolaire, administration : tout a été arrêté. » Puis le maire alerte : «Ma commune ayant 10 000 habitants je ne me sentais pas concerné. Mais si les maires ne s’en occupent pas, il y aura beaucoup de dégâts. »
En cas de cyberattaque, «il faut déposer plainte immédiatement pour que la gendarmerie puisse vous aider », a souligné Marc Boget. Signaler le vol des données personnelles à la Cnil est aussi une obligation et communiquer auprès de la population un conseil avisé. Le mieux étant de se protéger en amont (lire Maires de France n° 393 de septembre 2021, pp. 44-45). L’AMF et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) ont publié un guide pratique (www.amf.asso.fr, réf. 40406). Et la plateforme cybermalveillance.gouv.fr propose des ressources pour aider les élus à connaître les menaces et à respecter les bonnes pratiques.
Joëlle Cottenye, membre du collège de l’ARCEP, a présenté les nombreux outils cartographiques qui sont mis à la disposition des élus et des citoyens pour améliorer leur information sur le déploiement des réseaux fixes et mobiles (https://www.arcep.fr/cartes-et-donnees/nos-cartes.html).
Zacharia Alahyane, directeur des programmes France Mobile et France THD à l’ANCT, a dressé un rapide bilan des avancées en matière de couverture mobile sur le territoire. «Concernant le Plan France haut débit, d'ici à fin 2022, chaque foyer pourra bénéficier du très haut débit d'au moins 30 Mb/s. L’objectif étant la fibre pour tous en 2025. Le rôle des maires en cas de mauvaise connexion est de le signaler en contactant l’équipe de projet ou en se rapprochant de la préfecture ».
Car des problèmes, il en existe bel et bien selon les maires présents. «Les citoyens disent que ça rame, a rapporté le maire d’Héric (Loire-Atlantique). La fibre est aussi annoncée pour 2024, a-t-il poursuivi. C’est trop long et cela pose un vrai problème pour l’activité de certains citoyens… » Si les pylônes de «4G fixe » ont été cités comme solution transitoire, les disparités et les problèmes entre les communes sont réels. «L’AMF continuera à porter votre parole sur ces dossiers du numérique », les a assurés Michel Sauvade.