L'actu
24/11/2021
Synthèse du 103e Congrès

Le social se joue au local, les maires en sont convaincus, et l'État? 

« Renouveler les solidarités en faveur des plus vulnérables et des jeunes » n'est pas une option mais une obligation. Les maires en ont débattu près de trois heures mercredi 17 novembre 2021 lors du 103e Congrès des maires.

Forum "Renouveler les solidarités en faveur des plus vulnérables et des jeunes", 103e Congrès des maires, 17 novembre 2021
« Les CCAS ont été réactifs pendant la crise. On y a fabriqué des masques, accueilli les plus fragiles. Les collectivités ont mené aussi les initiatives sur l’aide alimentaire », égrène Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines (71), présidente du groupe de travail Emploi et insertion de l’AMF. Le président des Restos du cœur, Patrice Douret, leur rend d’ailleurs hommage : «ce sont les maires de France qui ont été au Rendez-vous », «par la fourniture d’équipements, de véhicules, de personnel ! ». C'est aussi sur eux que la nouvelle campagne des Restos - la 37 e  ! - va compter.

Car la situation des personnes déjà en difficulté s’est aggravée. Au moins la moitié de celles venant aux Restos disent avoir «perdu des ressources pendant cette crise ». «On sent à bas bruit la nouvelle pauvreté s’installer et sans l’État on n’y arrivera pas » s'inquiète Luc Carvounas, président de l’Union des CCAS et CIAS (UNCCAS) et maire d’Alfortville (94). Les élus ne demandent «pas forcément de l’argent », mais une meilleure reconnaissance de leur rôle de coordination des acteurs de la solidarité sur le terrain.   

L’aide alimentaire 

« Personne ne doit pouvoir rester au bord de la table ». L’expression revient à plusieurs reprises au sujet de l'aide alimentaire. Les maires ont choisi de mettre l'accent sur cette forme d'assistance, car chacun a vu la «montée en charge de la demande alimentaire pendant la Covid » exprime Nadine Grelet-Certenais, maire de la Flèche (Sarthe). Mais pour Luc Carvounas, «il ne faut plus parler d’aide alimentaire mais de politique publique d’alimentation ». Les expériences d’épiceries sociales et solidaires trouvent grâce aux yeux des élus, car l’on n’y vient pas chercher «que » des produits moins chers, mais une autre façon d’être accompagné, «plus globale » et moins «stigmatisante ». Et puis, on y parle aussi de plaisir de manger, de qualité des produits, de circuits courts… 

L’autre urgence : la jeunesse

Aux seuls Restos du cœur, 50% des personnes accueillies ont moins de 25 ans. «Plus effarant », souffle Patrice Douret, «40% sont mineurs ». L’alerte est reprise comme un mot d’ordre par la majorité des intervenants de la seconde table ronde : «La jeunesse est un sujet sur lequel il va falloir avoir des priorités plus fortes ces prochains mois ». «On doit trouver des nouvelles solutions, des réponses collectives adaptées à nos territoires » insiste Nadine Grelet-Certenais.

Sur sa commune, le mot d’ordre est «d’aller vers » les jeunes. «On a longtemps attendu que ces jeunes viennent vers nos dispositifs, et on s’est rendu compte que cela ne fonctionnait pas si on n’allait pas les chercher ». La municipalité s’appuie sur les maisons de quartiers et la mission locale, «acteur incontournable ». Elle croit dans les services civiques. «Les jeunes sont transformés, ils ont trouvé une aisance relationnelle, orale, je vous assure, c’est impressionnant » livre-t-elle à ses collègues. La directrice de l’agence nationale pour les services civiques, Béatrice Angrand, boit du petit lait car les collectivités sont encore sous-représentées parmi ceux qui accueillent des services civiques. 

Le vecteur du sport, un classique

Jean-Philippe Acensi, le président de l’Agence pour l’éducation par le sport, est lui intarissable sur les vertus de l'insertion par le sport : «l’ouverture aux autres, le lien social, le défi permanent, le projet collectif et la maîtrise de soi ou l’apprentissage de la défaite et de la victoire ». L'agence porte le projet d’écoles d’inclusion par le sport. Le maire de Garges-lès-Gonesses (95), Benoît Jimenez n’est plus à convaincre. «J’y crois et je paye pour voir ! ».

Dans sa commune du Val d’Oise, la moitié de la population a moins de 30 ans. «Nous avons besoin des régions sur ces projets » appelle-t-il. La balle est saisie au bond par le maire de Chenôve (Côte d'Or), également à la tête de Ville et Banlieue, Thierry Falconnet, pour interpeller plus largement l’État «sur la question des finances publiques, de la capacité des maires à mener des politiques d’innovation ». «Faites-nous confiance ! ». «Il faut multiplier les leviers que les jeunes peuvent actionner pour trouver leur place, le revenu municipal étudiant comme celui de Chenôve est un levier, l’école par le sport est un levier, le service civique est un levier… ». Mais les communes ont besoin d’autres ressources que leur seule volonté pour les tenir.
 

Les territoires gagnés par le succès de «Territoires zéro chômeur longue durée »
Près de 160 territoires se préparent à entrer à leur tour dans l’expérimentation «Territoires zéro chômeur longue durée ». Treize ont essuyé les plâtres. Leurs résultats ne font pas rougir. Plus de 1100 emplois (CDI) y ont été créés, pour des personnes sans emploi «en moyenne depuis quatre ans ». «Ce n’est pas un dispositif de plus », insiste Laurent Grandguillaume, président de l’association éponyme (du nom de la loi qu’il a porté en 2016), «mais un processus », «parti des territoires ». Les personnes privées d’emploi y occupent une place centrale, en devenant «actrices du projet ». Les entreprises à but d’emploi qui les embauchent ont résisté à la crise. Le projet est aujourd’hui cité comme exemplaire pour son impact sur les solidarités et l’emploi pendant la crise par l’Organisation internationale pour le travail (OIT). L’association prépare déjà la troisième étape, dans cinq ans, celle d’un «droit à l’emploi pour tous ».
  • Retrouvez la vidéo du débat :

Renouveler les solidarités en faveur des plus vulnérables et des jeunes

Emmanuelle Stroesser
n°395 - NOVEMBRE 2021