Pratique
01/07/2019
Environnement

Opter pour une gestion responsable des espaces verts

En ville comme à la campagne, la gestion des espaces verts doit être exemplaire au regard des exigences environnementales. Nouveautés et bonnes pratiques.

Si la Charte de l’environnement de 2004 prévoit que «les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable », cette obligation a désormais valeur constitutionnelle. De nombreux autres textes, communautaires et nationaux, sont venus depuis préciser le champ d’application des exigences environnementales. Qu’il s’agisse des règlements européens du 21 octobre 2009 sur les produits phytopharmaceutiques et du 22 mai 2012 sur les produits biocides, de la loi du 6 février 2014 modifiée par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, les textes sont aussi stricts que précis. En outre, l’interdiction des produits phytopharmaceutiques conventionnels pour l’entretien de certains espaces publics ouverts au public s’est étendue aux jardins des particuliers depuis le 1er janvier 2019. Une toute récente note de service du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (1) vient encore de préciser le cadre juridique applicable aux produits de biocontrôle ainsi que la liste des produits réglementés à ce titre. Ainsi, devoir d’exemplarité environnementale oblige, il revient aux collectivités locales de savoir concilier l’agrément esthétique et les considérations paysagères avec des exigences environnementales réglementaires strictes en matière d’aménagement et de gestion des espaces verts. Et quand on sait que 8 Français sur 10 déclarent aujourd’hui vouloir vivre à proximité d’un espace vert, on mesure le poids des responsabilités pesant sur les communes en ce domaine.
Si de nombreuses collectivités n’ont certes pas attendu la loi pour bien faire, d’autres vont déjà plus loin encore en intégrant les principes de l’économie circulaire dans la gestion de leurs espaces verts. En témoigne la récente enquête de l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) dans le cadre de l’Observatoire des villes vertes (2). On y apprend que la valorisation des déchets verts figure au premier plan des actions mises en place sur le terrain. 

« Savoir-vert »…

« Les déchets verts sont ainsi désormais de plus en plus perçus comme une ressource à valoriser, constate Catherine Muller, présidente de l’Unep. Ils ne sont plus subis, mais considérés comme une matière s’intégrant au sein d’un processus global de traitement et de valorisation de la matière organique ». L’Unep recourt même aujourd’hui à une nouvelle notion de «savoir-vert » pour guider la gestion raisonnée des espaces publics. 
Ainsi, dans les communes, la pratique du paillage avec le bois raméal fragmenté (BRF), issu de la taille des végétaux, tend à se généraliser. Une démarche devenue d’autant plus aisée à mettre en œuvre que la gamme des broyeurs de végétaux proposés par les fabricants ne cesse de s’étoffer et que leur prix tend à diminuer. Compter aux alentours d’un millier d’euros pour un modèle thermique autonome de 15 CV à un peu moins du double pour un système adaptable avec prise de force sur un micro tracteur. D’autres démarches plus originales méritent encore d’être signalées. La ville d’Orléans s’est lancée dans la mise en place d’un réseau de guides-composteurs bénévoles. La municipalité propose aussi aux habitants des ateliers de perfectionnement autour de la question de la gestion des déchets verts. En ce domaine, la mise en place de composteurs collectifs présente l’avantage de sensibiliser les habitants à moindre coût. Un simple modèle en bois traité autoclave coûte aux alentour d’une centaine d’euros pour une capacité de 800 litres. 
Parce que la nature doit aussi savoir s’inviter dans les rues, ne pas hésiter à se laisser tenter par les nouveaux modèles de jardinières décoratives. Résistants aux chocs et aux UV, ces modèles conviennent à la plantation de tous types de végétaux, des plants aux fleurs en passant par les arbustes. 

...et faire savoir

Dans la mesure du possible, éviter le plastique et privilégier le bois, le béton, l’acier ou la terre cuite. L’idéal étant les jardinières réalisées en bois issu de forêts gérées durablement ou produites localement. À ne pas négliger non plus, vérifier que les bacs sont assortis d’une double paroi avec réserve d’eau de manière à faciliter l’arrosage. Côté bois local, la ville de Limoges récupère les troncs d’arbres abattus afin d’en faire du mobilier urbain disposé dans les parcs et jardin de la ville. Autant de bancs, bacs et poubelles à l’impact écologique exemplaire. 
Lutte contre les espèces invasives, création de «continuités écologiques », gestion alternative des eaux pluviales…, les démarches mises en place dans nos communes pour protéger la biodiversité en ville sont désormais à la portée de tous. Mais le savoir-faire, ou le «savoir-vert », n’est rien sans le «faire savoir ». Alors autant profiter de l’occasion pour informer les habitants des démarches entreprises et les inviter à suivre l’exemple. Quitte à attendre pour cela le printemps prochain. Prudence en période préélectorale oblige !    

(1) Note du 16 mai 2019 n° DGAL/SDQSPV/2019-402
(2) Résultats disponibles sur le site www.observatoirevillesvertes.fr


Travaux pratiques
Travaux des sols, systèmes d’arrosage, entretien des arbres… Sur son site Internet, l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) propose une série de fiches pratiques à destination des professionnels et des collectivités. www.lesentreprises dupaysage.fr (rubrique «Tout savoir »).
Christophe ROBERT
n°370 - Juillet/Août 2019